Stephan Bodzinest quelqu’un dont on a finalement peu parlĂ© sur Tsugi. Non pas que sa techno mĂ©lodieuse et hypnotique ne nous touche pas – bien au contraire – mais plutĂŽt parce que l’homme avait un peu disparu de nos radars. En dix ans, il s’est imposĂ© sur le devant de la scĂšne avec la discrĂ©tion et la douceur qui le caractĂ©rise. Hyper productif au milieu des annĂ©es 2000 – il a sorti pas moins de huit EPs et un album entre 2005 et 2008 – le voici qui revenait en grande pompe l’annĂ©e derniĂšre avec un nouvel LP Powers Of Ten paru sur son propre label Herzblut RecordingsDu coup, lorsque l’on a appris que Bodzin passait au Showcase, on a enfilĂ© nos plus beaux habits (huitiĂšme arrondissement oblige), direction le Pont Alexandre III.
PlutĂŽt discret en apparence avec son air de petit prof de chimie derriĂšre ses lunettes Ă  grosse monture, l’Allemand arrive sur scĂšne sur les coups de deux heures et demies sous les acclamations d’une foule compacte. Ni une, ni deux, le voici qui enchaĂźne les morceaux de Powers of TenMoins expĂ©rimental que son premier album Liebe Ist
 plus structurĂ©, plus abordable, l’album – magnifiĂ© en live – nous emporte pour un voyage, un seul aller au long court, d’oĂč l’on ne revient jamaisSon concert suinte d’amour et on se laisse facilement prendre par la main et emmener dans les mĂ©andres de sa techno vaporeuse et labyrinthique. Des sub-basses et des drones ambiants saturent l’espace, un vĂ©ritable paysage sonore nous englobe. « Singularity« , titre alambiquĂ© et entĂȘtant qui ouvre l’album, rĂ©sonne dans le club. VĂ©ritable tube en puissance, froid et pourtant hyper mĂ©lodieux, il deviendra Ă  coup sĂ»r un des climax de la carriĂšre du producteur – d’ailleurs, Ă  en croire la rĂ©action de l’auditoire Ă  l’Ă©coute des quatre premiĂšres notes, ne l’est-il pas dĂ©jĂ  ?
Le maestro allemand, tout sourire, cache plutĂŽt bien son jeu puisqu’il se rĂ©vĂšle ĂȘtre une vraie bĂȘte de scĂšne, une sorte de Monsieur-Tout-Le-Monde qui rĂ©vĂšlerait sa face sombre une fois la nuit venueDes dix morceaux de l’album, la majoritĂ© sera jouĂ©e ce soir-lĂ , au cours de ce live endiablĂ© et millimĂ©trĂ©. Dos au mur sur une petite estrade – histoire de ne pas trop nous faire bousculer – on domine une foule dense et compacte, sorte d’ocĂ©an humain fait de centaines de nageurs aux yeux rougis par le sel.
PrĂ©cis et puissant, l’artiste bascule en mode DJ set vers quatre heures trente. On pourrait lui reprocher le cĂŽtĂ© Ibiza un brin clinquant Ă  certains moments, mais il faut bien avouer que cela convient parfaitement Ă  l’endroit et Ă  la population du lieu faite de chemises blanches en afterwork. Avouons-le, le Showcase est un peu mal foutu : DJ booth dĂ©centrĂ©, pylĂŽnes qui obstruent la vue et l’Ă©coute, lumiĂšres de hall de gare… Il nous en aurait heureusement fallu plus pour nous dĂ©courager. Bodzin dĂ©livre des morceaux puissants, dans la mĂȘme veine que ses propres productions, qui terminent d’enchanter les badauds (son long remix de « Mistral » de Rodriguez Jr, le gĂ©nial « Arise » de Victor Ruiz & D-Nox, le remix de « Black on Black » de Scuba par Len Faki, « Faded Memories » de Dimane remixĂ© par D-Force…). Une soirĂ©e sans fausses notes, en somme. 
Meilleur moment : « Singularity » qui rĂ©sonne comme un gimmick Ă  chaque heure de la soirĂ©e. 
Pire moment : Plus d’eau, plus de coca, plus de biĂšre au Showcase passĂ© quatre heures du matin. Il y a comme un problĂšme. 

MERCI PARIS ?? #PowersOfTen #Live at @showcaseparis w/ @lunasemara was U N R E A L #stephanbodzin #lunasemara #showcase #paris

Posté par Stephan Bodzin sur dimanche 3 avril 2016