Un concert oĂč on va de surprises en surprises, surtout quand on connaĂźt bien les groupes en prĂ©sence, c’est toujours agrĂ©able… MĂȘme si les moments d’Ă©tonnement sont parfois un peu dĂ©sagrĂ©ables. Mais revenons Ă  nos moutons : hier et avant-hier soir, le théùtre des Bouffes du Nord (occupant un coin de la trĂšs pittoresque place de la Chapelle Ă  Paris) accueillait Beyond My Piano, « le festival des pianistes affranchis ». Nous Ă©tions Ă  la soirĂ©e Aufgang VS Brandt Brauer Frick, qui s’annonçait Ă©lectro, expĂ©rimentale et collaborative. Promesse tenue. Mais lĂ  est la premiĂšre surprise : nous sommes assis, placĂ©s, difficile de gigoter sans entrave… En rĂ©sulte une frustration tenace, quand les pieds et la tĂȘte s’agitent mais que le reste ne peut pas suivre. A voir les mouvements frĂ©nĂ©tiques de notre voisin, nous ne sommes pas les seuls Ă  dĂ©tester nos petites banquettes. Cela dit, la position statique permet d’apprĂ©cier la salle, toujours aussi belle dans son cĂŽtĂ© théùtre Ă  l’ancienne dĂ©saffectĂ©.

Le concert commence par les six Aufgang et Brandt Brauer Frick ensembles. Paul Frick joue au chef d’orchestre et Daniel Brandt maltraite ses fĂ»ts tandis que Francesco Tristano et Rami KhalifĂ©, les deux pianistes d’Aufgang, partent dans leurs dĂ©lires quasi-improvisĂ©s. L’entrĂ©e en matiĂšre est assez expĂ©rimentale -mot qui reviendra beaucoup-, seuls quelques bruits habillent les premiĂšres minutes. On attend l’explosion, elle arrivera en fanfare : les six garçons jouent (trĂšs) forts, de maniĂšre carrĂ©e pour les allemands, beaucoup plus libre chez les Aufgang.

© Leigh Hatwell

AprĂšs deux morceaux en collaboration, seuls les Aufgang restent sur scĂšne. Ils reprennent « Bop » des Brandt Brauer Frick, Ă  leur sauce : plus mĂ©lodique et inventive que l’originale mais aussi plus brouillonne. Une autre rĂ©interprĂ©tation du groupe allemand, un titre de leur dernier album Istiklaliya et l’exercice s’inverse. Enfin, deux morceaux sont de nouveau prĂ©sentĂ©s Ă  six.

Plus qu’un « versus », cette soirĂ©e propose une collab’ de haut vol, dont on ressort intriguĂ© (Aufgang un brin inaccessible, Brandt Brauer Frick Ă©trangement frileux) mais pas mĂ©content, d’autant que l’ambiance Ă©tait complĂštement surrĂ©aliste : au bout d’un quart d’heure, une partie du public se lĂšve pour applaudir. Quand les deux groupes reviennent pour les derniers titres, plus personne ne se rassoit. Une partie des danseurs descend vers la scĂšne pour une transe commune complĂštement hallucinante. Les deux groupes ont l’air aux anges tandis que les gens sautent, tremblent, ferment les yeux… Pour remettre leur petit manteau et partir dans le calme quelques minutes aprĂšs la derniĂšre note de piano.

Meilleur moment: ces quatre quinquagĂ©naires surexcitĂ©s, dansant comme des ados et criant « c’est ça de l’Ă©lectro? C’est bien! ».

Pire moment: ce moment de frayeur quand, parce que nous sommes arrivĂ©s Ă  20h43 au lieu des 20h30 affichĂ©s (habituĂ©s aux concerts jamais Ă  l’heure), la jeune fille de l’accueil n’Ă©tait pas sĂ»re de pouvoir nous placer. Ils sont ponctuels aux Bouffes du Nord.