Alors bon, oui, on l’a un peu cherchĂ©. Depuis que Bonobo a Ă©largi son spectre d’action pour devenir une sorte de « mĂ©ta-beatmaker » qui aurait le pouvoir de se nicher dans la chaĂźne hi-fi de n’importe quel porteur d’esgourdes, on pouvait s’attendre Ă  une presta « bien sous tous rapports ». Et Simon Green Ă©tant devenu un peu prĂ©visible, ça n’a pas trop ratĂ©.

Rendons d’abord Ă  CĂ©sar ce qui lui appartient : le show Ă©tait impeccable. Le son du Casino de Paris, pas excellent Ă  chaque fois, Ă©tait pour le coup clair et puissant, et correspondait bien aux ambiances laid back du producteur anglais venu, comme Ă  l’accoutumĂ©e, avec un groupe de musiciens fourni. AprĂšs une introduction empruntĂ©e au « Goodbye » de Apparat et Soap&Skin, l’entame se fait sur un « Cirrus » bien progressif, toutes lumiĂšres dehors. La tension s’installe, la batterie fait prendre la mayo, il y a de la basse… damned, on tient le bon bout ! C’est plutĂŽt sur la longueur que Bonobo ne rĂ©ussit pas Ă  maintenir une dynamique, qui semble rapidement liĂ©e (de maniĂšre inversement proportionnelle) aux nombre de musiciens prĂ©sents sur scĂšne. « Towers », exĂ©cutĂ©e avec Szjerdene Ă  la voix et des cordes en sus, joue le mauvais rĂŽle d’une ouverture de four intempestive en pleine cuisson de soufflĂ© au fromage.

MĂȘme si on aurait aimĂ© Ă©viter cette bĂȘte caricature, ce sont bien les titres les plus Ă©nergiques qui marchent le mieux, d’autant plus qu’ils sont jouĂ©s en effectif rĂ©duit, « Kong » Ă©tant jouĂ©e avec une rallonge presque acid. Les vieux fans, quant Ă  eux, ne verront guĂšre que le fantĂŽme de Dial M For Monkey et Animal magic passer dans la salle, les deux stars de la set-list, comme on pouvait s’y attendre, Ă©tant Black Sands et The North Borders. Sur ce point, c’est bien Ă©videmment tout Ă  l’honneur de Green, dont la formule, qu’on la trouve Ă©dulcorĂ©e ou pas, s’est tout de mĂȘme affinĂ©e Ă  un point impressionnant avec ces deux disques. MalgrĂ© cela, ce qu’il nous offre ce soir manque un peu de magie. Le concert finit comme il a commencĂ© : trĂšs proprement, le public, trĂšs hĂ©tĂ©roclite (du combo Vans-keffieh fan de Ninja Tune depuis 15 ans au groupe de trentenaires citadine sur leur 31, en passant par les couples de bobos pĂ©pĂšre) saluant gĂ©nĂ©reusement l’homme de la soirĂ©e et sa compagnie. Une rĂ©ussite, sans nul doute, mais qui nous donne l’impression d’avoir Ă©tĂ© divertis davantage qu’hypnotisĂ©s.

Meilleur moment : « Kiara », un moment oĂč l’Ă©nergie du « groupe » Bonobo a fonctionnĂ© Ă  plein.

Pire moment : on aime vraiment Grey Reverend d’habitude, mais lĂ , c’Ă©tait trop mielleux.