On ne vous apprendra rien en vous rappelant qu’on est voisins de la Grande Halle de la Villette Ă  Tsugi. En fait, on a juste Ă  traverser le parc, c’est vous dire. Depuis trois jours, comme un teaser, on a donc eu droit au va-et-vient des camions apportant le matos. Les lettres rouges du Pitchfork Music Festival ont remplacĂ© celles d’un Ă©niĂšme Ă©vĂ©nement de poker, et il ne nous en fallait pas plus pour amorcer ce processus du filet de bave qui coule au coin de la bouche. Non, en fait la bave avait dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  couler suite Ă  l’annonce du line-up, une nouvelle fois composĂ© de rĂȘve, de rĂȘve et de rĂȘve, pour un festival qui n’en est qu’Ă  sa quatriĂšme Ă©dition, et qui s’est pourtant dĂ©jĂ  largement imposĂ© sur la scĂšne des Ă©vĂ©nements musicaux d’Ile de France et de Navarre. 

Premier jour donc, et c’est le grand James Blake qui se retrouve Ă  l’affiche. Mais ça, c’est si on commence par le meilleur et par la fin, donc nous y reviendrons. Avant cela, on s’est tout de mĂȘme essayĂ© au bowling mis Ă  disposition par Smart, on a glissĂ©, on est tombĂ© et on n’a certainement pas gagnĂ©. Au baby-foot, par contre, c’Ă©tait une autre histoire, mais passons, si Pitchfork revĂȘt par instant des allures de centre aĂ©rĂ© pour adultes qui boivent de la biĂšre et mangent des burgers, n’en oublions pas l’essentiel : la prog’. Le groupe Ought a ouvert la voix Ă  How To Dress Well, une belle voix oui, trouvant un agrĂ©able refuge dans un r’n’b rĂ©novĂ©, mais qui nous a quand mĂȘme rappelĂ© qu’il n’y avait bel et bien qu’un seul et unique James Blake. Tout comme il n’y aura qu’un seul et unique Mogwai. Parce qu’il s’agit bien lĂ  de la premiĂšre gifle de la soirĂ©e, gentiment amorcĂ©e par la folie parfaitement maĂźtrisĂ©e des Allemands de The Notwist. Mais il y a Mogwai et ses dĂ©flagrations en rafales, Mogwai et ses plages noires, Mogwai et ses guitares qui grĂ©sillent, saturent, ou glissent tout simplement en Ă©cho dans la Grande Halle. 

Jon Hopkins se chargera par la suite de rĂ©veiller les Revenants blindĂ©s d’acouphĂšnes que nous sommes, avec un live calibrĂ©, qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© idĂ©al pour se mettre en jambes avant l’apparition divine de James Blake. Divine, oui. Parce qu’il faut rĂ©aliser qu’on se trouve face Ă  un bonhomme d’Ă  peine 26 ans, qui en est dĂ©jĂ  Ă  son deuxiĂšme Pitchfork, qui a dĂ©jĂ  remportĂ© le Mercury Prize, c’Ă©tait l’annĂ©e derniĂšre, et qui a tout simplement rĂ©novĂ© le paysage musical Ă©lectro de ces derniĂšres annĂ©es. Tout en simplicitĂ©, mais une simplicitĂ© puissante, grave, l’Anglais livre quelques-uns de ses plus grands succĂšs, d’un « Limit To Your Love » de soie Ă  un « Life Round Here » de velours, sans oublier un « The Wilhelm Scream » abyssal. La voix est juste sublime, le beat semblable Ă  un battement de coeur, et le grand, l’immense James Blake en livre son exercice de style le plus abouti sur « Retrograde ». Il terminera ce premier jour tout en simplicitĂ©, comme il sait si bien le faire, sur un piano-voix religieux. 

Meilleur moment : « Retrograde », de trĂšs loin. 

Pire moment : on n’a pas Ă©tĂ© super fan du live de The War On Drugs.