Manu Le Malin est le personnage central d’un docu sur sa relation avec le Manoir de Keriolet. Tu es proche toi aussi des lieux mythiques d’Astropolis ?

J’ai eu l’occasion de jouer une fois Ă  Keriolet, Astro y organise encore une rave par an lĂ -bas, le lieu est fou et m’a donnĂ© l’impression de revivre les dĂ©buts de la scĂšne bretonne, que je n’ai pas connu en tant que public parce qu’à l’époque je vivais dans le Nord de la France et que de toute façon j’étais trop jeune. J’ai pris une bonne claque lĂ -bas, je jouais avec Ben Klock et Kenny Larkin, le plateau Ă©tait chouette et l’endroit est juste magique. Aujourd’hui Astro se dĂ©roule au manoir de Keroual, parce que la capacitĂ© y est beaucoup plus importante, ça fait 3 ans que j’y joue et je m’y plais beaucoup, c’est la famille donc je ne peux qu’y passer un bon moment. 

Ton son est souvent comparĂ© Ă  celui des noms historiques et plus particuliĂšrement Ă  ceux de Detroit. Tu n’es pas trĂšs branchĂ© futur ?

J’essaie de garder cette vibe qui m’a touchĂ© quand j’ai dĂ©couvert la techno Ă©tant jeune et qui me parait essentielle dans la musique que j’aime, de garder l’esprit des origines, amplifiĂ© par un sound design actuel. Le challenge est lĂ , l’idĂ©e n’est pas de prendre des vieilles bĂ©canes et de les faire sonner comme Ă  l’époque mais davantage d’aller puiser dans ces origines, dans les sons de certaines boites Ă  rythmes et de l’agrĂ©menter avec des sonoritĂ©s plus actuelles. La techno est un mouvement trĂšs cyclique, dans quasiment tout ce que l’on Ă©coute aujourd’hui, que ce soit du cĂŽtĂ© allemand ou anglais, tous les grands mouvements actuels portent toujours l’hĂ©ritage du Detroit des 90’s. A l’époque ils Ă©taient vachement bridĂ©s par les moyens techniques et financiers, ce qui n’est pas notre cas aujourd’hui du coup, j’essaie de rendre hommage Ă  ces origines tout en apportant de la nouveautĂ© et de faire ce qu’ils ne pouvaient pas se permettre Ă  l’Ă©poque. Mais je ne te cache pas que lancerai en fin d’annĂ©e un side project qui sera un peu plus techno, sombre et violent. Il y a dĂ©jĂ  un maxi de signĂ© et deux autres qui suivront. 

Tu t’es lancĂ© dans la techno sur le tard, en passant de promoteur Ă  artiste. Comment ça s’est passĂ© ?

J’ai organisĂ© des soirĂ©es Ă  Lille, Ă©tant Ă©tudiant Ă  l’époque oĂč je commençais Ă  acheter mes premiers vinyles et Ă  apprendre Ă  mixer. 4 ou 5 ans plus tard je me suis installĂ© dans le centre de la France pour mon premier boulot, un endroit oĂč il ne se passait absolument rien niveau orgas. Ca m’a dĂ©gagĂ© pas mal de temps libre, je me suis alors achetĂ© mon premier clavier maĂźtre, mes premiĂšres machines et je me suis mis Ă  composer mes premiers tracks, trĂšs naturellement. 

J’ai cru comprendre que tu prĂ©parais quelque chose de spĂ©cial pour ton live Ă  Astro


Oui, on a imaginĂ© une scĂ©nographie diffĂ©rente de la version habituelle de Cymatics, je joue toujours dans une sorte de forme gĂ©omĂ©trique sur laquelle il y a des projections mais cette fois-ci, au lieu d’ĂȘtre horizontale, elle est verticale et fait un peu plus de 6 mĂštres de hauteur. C’est la premiĂšre fois qu’on va la prĂ©senter Ă  un public donc on est assez impatients. 

L’image c’est quelque chose d’important pour toi en live ?

Oui, on essaie de crĂ©er un univers, avec des visuels qui complĂštent ce que j’essaie de dire avec mes morceaux. Pour ça, je bosse avec AurĂ©lien, un membre du crew Nature Graphique de Nantes, ils ont collaborĂ© avec le festival Scopitone, et avec lui on a dĂ©fini toute une identitĂ© visuelle propre Ă  chaque morceau, avec des formes et des couleurs spĂ©cifiques. En live, je suis accompagnĂ© par Mr Nuage, qui lui est VJ. C’est un challenge intĂ©ressant mais qui en vaut la peine parce que le public a l’air rĂ©ceptif.

Ce ne serait pas aussi ta façon Ă  toi de ne pas ĂȘtre le centre de l’attention, un peu comme UR avec leurs cagoules ?

L’avantage c’est qu’avec les visuels tu captes l’attention des gens beaucoup plus vite et fort, il sont immergĂ©s directement dans l’univers que j’ai créé. Je ne cherche pas du tout Ă  ĂȘtre le centre de l’attention, mais je ne me cache pas pour autant. il existe des jeux de transparence sur la structure qui me font parfois ressortir un petit peu et me mettent en scĂšne mais la seule utilitĂ© est de servir le spectacle. 

Du coup toi tu es plus branché live ou DJ set ?

A la base je suis vraiment DJ, j’ai achetĂ© mes premiĂšres Technics en 1999. Mon premier live je l’ai fait il y a trois ans, au dĂ©but ça a Ă©tĂ© assez compliquĂ©, j’avais une certaine apprĂ©hension mais il y avait une rĂ©elle demande du cĂŽtĂ© des orgas et du public. Proposer un live n’a pas Ă©tĂ© simple du tout au dĂ©but mais aujourd’hui j’y prends beaucoup de plaisir, avec mon ingĂ©-son on a rĂ©ussi Ă  crĂ©er un set-up trĂšs intuitif et trĂšs ouvert sur l’improvisation. Aujourd’hui, pour moi que ce soit en live ou en DJ set, je m’Ă©clate de la mĂȘme façon. 

Il y a quelques jours tu as sorti un disque chez Motech, c’est un peu un nouveau monde qui s’ouvre à toi, je sais que tu as choisi ton nom en hommage à Mad Mike et il se trouve que DJ 3000, le boss de Motech est un ancien d’Underground Resistance.

Oui, il apparait dans pas mal de compiles UR de l’époque, et c’est vrai que quand j’ai reçu un mail de sa part me disant qu’il voulait sortir mes morceaux j’étais super ravi. J’ai envie de dire qu’à un moment donnĂ© la boucle est bouclĂ©e et que j’en suis trĂšs heureux. 

Sur ce disque il y a pas mal de parties instrumentales, de samples de violoncelle etc. Ça te plairait de crĂ©er un live avec un orchestre ? 

Ce n’est pas du tout dans mes objectifs. Au niveau technique c’est vrai que c’est trĂšs intĂ©ressant mais je ne me vois pas du tout lĂ  dedans. Par contre je n’utilise pas du tout de samples, tout ce que l’on entend sur mes morceaux est jouĂ© (avec des plug-in) mais j’ai dĂ©jĂ  engagĂ© un cuivriste du Peuple De L’Herbe pour un morceau qui s’appelle « Dawn » et qui a Ă©tĂ© remixĂ© par Terrence Parker. Tiens donc, encore un mec de Detroit


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Madben sera présent à Astropolis le vendredi 3 juillet avec un live inédit et sortira une mixtape chez Time Has Changed avec un remix de Electric Rescue cet été, avant de dévoiler son nouvel Ep chez Astropolis Records prévu pour la rentrée.